Les Lys Noirs (Volume.1)

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Un cercle de sorcières qui, autrefois, terrorisa le monde, s'est réincarné sous forme d'esprits et revient hanter les vivants ! Les exorcistes appelés des terres lointaines de l'occident parviendront-ils à bannir ces terrifiantes apparitions ?
Dans l'ombre de l'agitation fiévreuse du joyeux Festival de la Moisson (Harvest Festival), la lutte surnaturelle entre les exorcistes et les sorcières est sur le point d'éclater !

La chambre de la cathédrale que m'assigna le jeune moine n'était en aucun cas luxueuse, mais cette pièce propre et nette me parut plutôt agréable. Je m'assis devant un feu de cheminée rugissant, prenant place dans une chaise qui gémissait de protestation au moindre mouvement, et me mis à réfléchir à tous les événements des heures précédentes, le regard plongeant dans les flammes dansantes...

« Dame Gertrude, bienvenue au Royaume de San d'Oria. »

Un Templier d'âge vénérable, aux manières polies et bienveillantes – un agent de mon client – m'accueillit à mon arrivée.

« Nous sommes extrêmement reconnaissants qu'une noble exorciste de votre renom ait consenti à parcourir les nombreux malms par-delà l'océan pour répondre à notre appel. Après vingt ans de tranquillité, les légendaires sorcières des Lys noirs sont de retour ! »

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Le regard du vénérable chevalier se perdit dans le vague tandis qu'il continuait son discours.

« Même une dame dans ses jeunes années telle que vous aura certainement entendu ce nom. Les méfaits de ces six sorcières ont ébranlé Vana'diel jusque dans ses fondations.

Notre ordre a consigné comme suit le récit de leurs infamies.
Ces sorcières aux dons innés déjà immenses se rendirent maître d'une magie encore plus puissante grâce à la formation de leur cercle – les Lys noirs (Black Lilies). Elles ressuscitèrent les anciens arcanes noirs, et nul coin du monde ne demeura inviolé par leur ambition destructrice.
Cependant, peu après leur ascension, la Grande Guerre se déchaîna sur Vana'diel et les Lys noirs disparurent sans laisser de trace.

Au cours des vingt années qui s'ensuivirent, les histoires des Lys noirs ne devinrent graduellement plus que des contes pour effrayer les enfants. Et maintenant, il semble bien que ces sorcières sont réapparues dans les trois capitales pour terroriser à nouveau les citoyens. »

« Elles sont revenues... sous forme d'esprits ? »

Les yeux du chevalier se relevèrent pour se planter droit dans les miens, et il acquiesça.

« Des voyageurs et des enfants ont dit avoir vu des fantômes portant des chapeaux pointus et crochus jusque sur les routes traversant le Ronfaure.
Si forts que puissent être les Templiers l'arme à la main, nous n'avons pas les moyens de combattre un ennemi immatériel protégé par une si ancienne et puissante sorcellerie.
Dame Gertrude, je vous supplie de faire usage des arts lointains de l'exorcisme pour bannir les esprits de ces êtres maléfiques. »

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Les bûches dans l'âtre s'écroulèrent tout à coup, et les flammes se mirent à se tordre et se contorsionner comme des bêtes en proie aux pires tourments.

Les âmes errantes des sorcières...
Qu'est-ce qui avait causé leur disparition ? Qu'était-il advenu de leur corps physique ? Pourquoi hantaient-elles à présent les villes ?
Il y avait forcément une explication.

Je me saisis de mon manteau pendu à un crochet sur le mur, et sortit de la cathédrale.

* * *


Je passai sous la majestueuse Porte de Ranperre et me retrouvai à l'extérieur de la ville, où les denses bosquets du Ronfaure semblaient autant d'armées prêtes à marcher sur la capitale. C'est dans cette forêt même que les esprits des sorcières avaient été aperçus.
Je ne savais pas à quel point était répandues les rumeurs, mais tandis que je suivais la route vers le sud sous les immenses arbres, je croisai plus d'un voyageur pressant son chocobo, visiblement impatient de retourner à la sécurité des murs de la ville.

La lumière du jour déclina peu à peu, sombrant dans l'obscurité du crépuscule, et un brouillard dense se leva, obscurcissant ma vision.
Quand je m'écartai du chemin, m'enfonçant dans les ténèbres lugubres des troncs d'arbres, j'eus comme la sensation que toutes les créatures de la forêt commençaient à s'agiter d'un coup.

Et l'air fut soudainement empli de chauves-souris, leurs ailes battant avec une frénésie furieuse. Je fis virevolter mon bâton dans tous les sens comme une massue, éparpillant la vermine dans toutes les directions. Elles ne tardèrent pas à se reformer pour renouveler leur assaut, mais ne semblaient pas avoir pour but de se repaître de mon sang. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir comme une proie qu'on rabat, et au moment où je pressai le pas, je sentis soudainement l'air devenir lourd et suffocant.

Une aura d'une puissance écrasante émanait de quelque part devant moi.
Suivant ce signal surnaturel, je la trouvai, qui m'attendait entre les branches d'un immense arbre.

Une sorcière.

Elle portait un chapeau pointu au bout recourbé, exactement comme dans les souvenirs des histoires de mon enfance. Son visage semblait conserver une trace d'innocence, et elle paraissait être du même âge que moi.
Cependant, la transparence de son corps ne me laissa aucun doute quant à sa vraie nature.

Je me mis à entonner doucement les paroles d'un sort d'exorcisme, et m'avançai de manière assurée vers l'apparition, les bras étendus.

« Sorcière des Lys noirs...! »

L'écho de ma voix résonnait dans le silence de la forêt enveloppée dans son manteau de nuit.
La sorcière m'observait, ses yeux dénués d'émotion brillant faiblement sous le bord de son chapeau.

« Je suis une disciple d'Altana, venue ici pour sauver ton âme...
Que cherches-tu ici ?
Pourquoi es-tu venue sur le territoire des vivants ? »

La bouche de l'esprit s'ouvrit faiblement, et un murmure commença à en sortir. La langue qu'elle utilisait m'était incompréhensible... Cela ressemblait plus à un gémissement, ou à un chant...

Quels que soient mes talents d'exorciste, si je ne pouvais pas entendre et comprendre les paroles d'un esprit, je ne pouvais pas le renvoyer au côté d'Altana – d'autant plus si celui-ci était une puissante sorcière.

Alors que je restai là, réfléchissant sur la manière d'agir, la sorcière me chargea soudain dans un silence sépulcral, et ses yeux s'ouvrirent en grand, un sourire sardonique naissant sur ses lèvres...

Je me préparai au choc.
L'esprit s'introduisit dans tout mon corps, et je me sentis perdre le contrôle.
Mes bras et mes jambes se rigidifièrent, tandis qu'une sueur glacée commença à couler sur ma nuque et mon dos...

« Arrière ! »

A l'instant même où cet unique cri retentit, la force entravant mes membres se dissipa, et l'aura de la sorcière se fondit dans les ténèbres.

Avec un profond soupir, je levai mon visage vers le ciel et vis que les chauves-souris qui m'avaient tourmentée continuaient à voleter partout frénétiquement.

J'eus alors la certitude qu'elles avaient été contrôlées pour me mener jusqu'à elle.

Les créatures de la nuit peuvent comprendre certaines choses.
Ainsi, ces chauves-souris comprenaient les mots étranges prononcés par la sorcière.
Comment, alors, un mortel de chair et de sang pouvait-il apprendre ce langage ?

« Un mortel doit devenir un monstre... »

Je secouai la tête alors même que je murmurai ces mots.
C'était défendu. Jamais une servante dévouée de la Déesse ne pourrait commettre un tel acte.

Je regagnai la route, les événements de la soirée défilant à toute vitesse dans ma tête.
Quand je me retournai pour regarder à nouveau vers le bosquet, les chauves-souris n'étaient plus là.

* * *


Le lendemain, la foule de gens se pressait et s'activait dans les rues de la ville, en préparation de l'événement qu'on appelait le Festival de la Moisson (Harvest Festival). Les rires de joie des enfants se faisaient entendre tandis qu'ils aidaient à mettre les décorations en place.
Cette grande fête n'était pas spécifique au seul Royaume de San d'Oria, mais avait aussi lieu dans les nations de Bastok et Windurst.

« Peut-être ces sorcières ont-elles été attirées dans les villes par l'agitation causée par ces festivités ? »
« Ha ha ha. J'admets que les esprits sont connus pour leur solitude et le tourment qu'elle leur inspire. »

Je me remémorai un échange par linkperle de la nuit précédente : deux de mes collègues – Brian et Roger – avaient été appelés aux capitales des deux autres nations pour les mêmes raisons que moi.
Après leur avoir narré ce qui m'était arrivé dans le Ronfaure, Roger, le plus âgé d'entre nous, nous dit avoir une idée sur la nature des paroles inintelligibles de la sorcière, et se mit à commencer ses recherches. Je me demandais s'il avait trouvé une solution à notre dilemme...

Tandis que je franchissais les écluses de San d'Oria Nord, perdue dans mes pensées inquiètes pour mes collègues, je remarquai un groupe de gens qui s'était formé sur le passage qui menait au port.

Après m'être approchée de la foule, je pus jeter un coup d'œil en son centre, et je vis un homme aux habits de marchand gisant comme un pantin désarticulé sur le sol de pierre. Son sang avait coulé de son visage, et ses lèvres tremblaient de manière spasmodique.

« Que s'est-il passé ici ? », demandai-je à un garde qui se tenait près de la scène.

« C'est horrible... Ces sorcières apparaissent en plein jour à présent. »

Nos pires inquiétudes étaient devenues réalité.

« Au plus mauvais moment... avec le Festival de la Moisson imminent et tout ça. Si un vrai monstre s'introduisait dans la parade costumée, bon sang, ce serait un désastre. »

« Parade costumée ? »

« Vous ne saviez pas ? Tous les habitants, jeunes et vieux, se déguisent en créatures monstrueuses pendant le festival et font une grande parade. »

« Merci, messire. Vous m'avez donné un grand espoir. Que les bénédictions d'Altana soient sur vous ! »

Je laissai le soldat à sa confusion et, m'éloignant de la foule amassée là, je commençai à concevoir un plan...

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Illustration by Mitsuhiro Arita
Source : http://www.playonline.com/ff11fr/

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